Fleurs Troublées

À l'intérieur de la chambre de mon retrait J'adoucie le rien Les murs se penchent dociles Flanqués de rêves qui partent demain J'entends encore le rire des enfants Ton rire d'aube verte Mais ce n'est que l'écho du vent qui pleure à la fenêtre Quand j'aurai soufflé toute cette brume bleue Qui me fait la fête Quand j'aurai cicatrisé de tout ce qui me brûle À des heures muettes Comme un de ses vases fêlés par lesquels passe une douce lumière Je reviendrai un jour vers toi Avec un grand collier d'air On marche toujours direction nord La seule direction possible quand il est nécessaire de se perdre dans un soir désoeuvré qui guette une rue Ou n'importe quelle autre Les révoltes devraient toujours débuter contre le poids On se regarde à travers l'œil de l'autre pour prendre le pouls de notre valeur humaine De sa pesanteur On compare toute chose à une autre pour prendre connaissance de leur consistance On passe notre temps à amasser Des roches du papier On passe notre temps à vouloir réaliser des trucs plein de trucs toujours plus vite encore plus vite Ça penche vers l'avant toujours réaliser On se charge on se greffe des blocs On se demande s'ils ont raison si le monde est déjà parti en couille On se sent couillon de se poser la question Même les couilles sont asymétriques On lâche partout dans les rues des rumeurs comme on lâche les chiens de l'enfer Le but calibrer le poids de sa petite conscience On a toujours de la difficulté à aimer ce qui ne se tient plus debout Alors on répare au lieu d'apprendre à laisser mourir On défend des causes par lesquelles on se définit On fabrique des discours poignants pour faire lever les foules mais les foules finissent toujours par crouler sous l'oppression de foutues idées de la peur de l'horreur de la connerie Pire ces causes vont rejoindre les déserts de l'insignifiance et des solitudes au fond d'une poubelle ou d'une friperie Qu'est-ce qu'on peut faire de tout ça Qu'est-ce qu'on peut y faire S'exhiber bêtement en affichant un sourire sinistre en public Crier toute une nuit pour que la lune ne ferme pas l'oeil On continue de marcher on doit attendre de voir ce qui se passe On attend encore un peu On n'y peut pas toujours grand-chose on laisse faire En marchant on tombe toujours sur un tas de boue On s'imagine qu'on peut y cueillir des fleurs troublées dedans On s'imagine qu'on peut toutes les cueillir Mais on ne pèse pas assez Alors on marche encore On marche toujours direction nord