Faisons de nos vies des rêves interdits

Le monde se durcit s'assèche, se fissure Le terreau, l'éboulis enterre la parjure En surface polisse la moindre aspérité Caractère soumis pour la majorité Dans la nacre des jours, figée, inerte, amorphe Vous m'entendrez, je promets, ma voix percera Elle ne sera ni d'or, de diamant, ni de paille À peine celle d'un enfant, un soupçon, un détail Mais un détail qui compte qui détonne et qui jure Je le jure, je le crache l'éjacule à la face Des prolos, non des bourges, le réveil est d'en bas La révolte de la rue, la fronde antiseptique Soulève-toi, l'endormi les paupières, ça se brûle Ouvre l'œil du cyclone et les pores de ta chair Sur l'ordre des choses l'infect, l'établi Sur tout inacceptable plus que l'inaccessible Réveille-toi, Le sommeil est le luxe des morts Debout, vivant, alerte C'est le moins que tu te doives Écoute, perçois, ressens Le sens de l'Histoire Rejette ce qui se fait Embrasse l'ombre du soir Ne passe pas à côté Du destin de ton nom Aiguise tes phalanges A suivre ton esprit Rends-toi maître de toi Rends-toi riche de maîtres Exerce ton aura Dans un legs anonyme Rejette le rang Non, ne t'y fourvoie pas Les rebelles en carton font figure de buvards Aspirer l'air du temps sentir la vague en vogue Mais faussement naviguer en ses sables mouvants Fais-toi des courants-contre une église, un chandail Brode autour de tes manches ta sébile libertaire Mendie ta déraison Quémande ta folie Fais-toi de l'irréel un abri de combat Parce que la forme jure Parce que la forme importe Un corps abîmé peut dire plus qu'un pamphlet Le parfait est un art qui vise l'oubli Toute peinture se vit les tripes à la main Forme-toi de bosses, de crasse, de cicatrices Dégueule de chimères, bats-toi pour l'utopie Aucune arme à la main que celle de l'artiste Faisons de nos vies des rêves interdits Faisons de nos vies des rêves interdits Faisons de nos vies des rêves interdits...