Habitacle aseptisé

Ça sent l'alcool à brûler, cocktail Molotov cérébral Un âcre parfum de formol à nous en faner la corolle Ça sent la pisse au fond des gorges Lascaux II en visite audio Les dents qui baignent dans leur jus les burnes gagnant en caries Ça sent la crasse qui s'accumule au creux des reins de nos survies Un coup pour l'hygiène, c'est terrible la baise en mode automatique Ça sent l'habitude qui ronge, ça sent la cinquième République En cours - putain - de décrépitude, en guise de suicide collectif Ça sent, ça sent Ça sent les rimes imposées, le lexique publicitaire Ça sent la caution 'tellectuelle, l'avant-gardisme calibré En voie de claire lobotomie collective, le discours unique Des constellations uniformisées aux étoiles de l'Europe Le drapeau flotte dans les calebars quand l'euro nous encule à sec La CEE rigole, rigole, rigolera bien qui suintera le dernier Au fond des langes de nos pépées car au fond tout cela est fictif On nous colle dans un habitacle aseptisé, mais loin du neuf Ça sent, ça sent Ça sent les lendemains qui hantent les caveaux de nos feux follets Ça sent ma voix qui déchante, ça sent le début de mes vers Les poètes - qu'on se le dise - on les aime froids dans leur sépulcre Pas bouillonnants de vie, gratte-culs, contre-pouvoir aux médiocres Ça sent mon siècle qui s'éternise sur des balivernes fiduciaires La misère vouée à tout artiste, on te tuera - cigale - crois-moi T'as voulu jouer pour la Cité, t'as cru donner dans la substance Ça sent l'opinion en recul, ça sent la culture aux cochons Ça sent, ça sent