Ouroboros

Ouais gros bien ? Ça fait quoi demain soir ? Tu sors avec nous ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu en plus ! Ça va hein, ben j'suis désolé mais j'fini tard le taff' ce soir J'serai crevé, une autre fois mec, mais merci Bon, on va y aller hein Huit heure vingt préparation, huit heure trente j'prends les rations Huit heure quarante j'descends vite, assouvir tous mes patrons Huit heure cinquante j'me présente, cinquante cinq premiers clients Neuf heure pile j'redis "Bonjour !" on voit les cernes au bout d'mes joues Ok, je taff' sur l'bordereau, dl'autre côté Le stagiaire qu'essaye d'gratter un numéro, attendez Un collègue qui se plaint de mon boulot J'commence à perdre patience dans cette entreprise de facho Dix heure vingt-deux les clients m'interpellent Ça demande le parcours pour acheter du lait Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? La phrase que j'aimerai Ressortir à bout d'souffle comme un vulgaire anglais On me sort "Ta une paye, soit content d'avoir un taff" Vu la gueule de mon salaire, laisse-moi tirer une taf' Ou alors une balle, ah oui que jm'emballe Au point ou j'en suis, j'trouverai ça génial Onze heure trente-quatre j'recontinue un peu Après m'être pris une salve par le PDG d'mes deux Il faut respecter le SBAM, sourire et bonjour Et au revoir et merci mais nan jm'en bat les couilles (Rien à foutre ouais) C'est pas être un robot dans une usine (Dans une usine) Encore moins un cassos lors du facing (Lors du facing) L'étiquetage interminable, rayon dressing Et parlons d'mes achats pour le midi, ce n'est pas gratuit Vas-y mais gros tu fais jamais aucun effort pour qu'on s'capte aussi, vas-y laisse tomber ciao Mais ce n'est pas d'ma faute si on me laisse aucun choix La salope de manager qui ne fait qu'alourdir mes heures Je n'suis plus libre, j'suis leur moins que rien J'ai parfois l'impression, ah mais si mais j'suis leur chien Ils s'en tapent de mon avis, pour eux je suis du navire J'suis tout le temps disponible, j'ai pas d'amis ni d'famille Si j'dis non, ça va me faire lundi J'vais re-nettoyer les chiottes mais j'les ai déjà faites samedi (Salope) Les autres connards qui vont pas m'lâcher, ouais, me faire la morale car j'ai pas assorti le panaché Ils trouveront toutes les raisons du monde Afin d'me pointer du doigt, ça y est j'me retape la honte Quinze heure dix-sept j'ai toujours pas eu ma pause, parce-que je ne fume pas, j'dois calculer les hausses Si mes revenus échangeaient avec le chiffre d'affaires, j'serai putain et bien et le magasin à terre Ça m'fatigue de bosser en grande surface, vivement que j'lève le doigt répétant "Bouffez mon sarce" J'vais m'barrer de cet endroit, briser le quatrième mur Et récupérer mes droits je n'veux plus cette dictature, niquez-vos mères C'est de ça que j'rêve de dire mais je garde tout pour moi Car jn'ai pas le cran d'le vivre et j'aime pas les conflits Encore me faire tout petit, arrêtez cette satire Ou alors je sature, je sens qu'ça n'va pas Toujours ils haussent la voix, j'me défends ça dit "Y'a quoi ?" Ça s'prend pour des Yakuzas pour des obèses en cravate Quoi qu'je fasse, quoi qu'je dise Ils ont l'emprise sur moi j'suis bloqué dans cette voie Huit heure vingt préparation, huit heure trente j'prends les rations Huit heure quarante j'descends vite, assouvir tous mes patrons J'me présente, j'dis "Bonjour !", merde on voit mes cernes J'suis sur l'bordereau, et y'a l'stagiaire là, et on s'plaint encore d'mon boulot ? Putain