Tableau glacé

Un pas de plus vers l'arrière Au tréfond de la terre Par le long cathéter Planté droit dans ta chair Et tu regardes la mer Cette cascade claire Et tu rêves de ton père Sans son regard de fer Et ton cœur et ta peur Battent plus fort qu'ils meurent Au sein de la douleur Toi tu comptes les heures Qui te mènent la cadence Sans une dernière chance Vers l'état de l'absence Un pas de plus dans le temps Dans ton sang le néant Anéantie de pluie Dans l'été de ta vie Dans l'oubli de tous ceux Qui te mentent et qui tentent Qui s'enlisent aux bas fonds De leur âme toute grise Sous la femme acétate De leur cœur écarlate Se trouve une cantate Un château d'espérance Une plaine qui danse Comme une dernière chance Vers l'état de l'absence J'ai dans le cœur une bombe de fleurs Une ardeur hématome, la Joconde qui pleure Devant l'immensité oubliée de ce tableau glacé J'ai dans les yeux une chaîne de montagnes Une Ardenne, une Espagne, une lointaine campagne Aux parfums musc blanc, aux embruns d'océan Aux narcisses des poètes À la poudre d'escampette Un pas de plus revolver Dans l'ère de l'homme misère L'imbécile, le docile Qui se croit ciel ouvert Devant son dieu de feu Dedans ses yeux trop fiers De croyances immondes D'innocence profonde Et tu cries et tu chantes Et tu plantes ton pieu dans le creux Des offrandes immenses de la terre Et dans la lumière blanche tu t'épanches, te déhanches Vers l'état de l'absence Ma luciole ma Lucie Toi mon hallucinante Lancée vers le ciel Lancinante Lumière De ton élégance frêle De ton souffle de grêle Abandonne février Pour ce tableau glacé