Déception

Du point le plus lointain qu'il m'est possible, je contemple Ce monde qui érige le capital en religion Qui construit des places financières comme autrefois des temples Où l'on s'agenouille devant les dollars et les actions Je n'attache aucun prix à l'argent, non, je m'en balance Même si j'ai compris qu'il en faut, m'en fous, je le dépense Certains tentent de me persuader que j'ai un problème À prioriser les amis, la famille, le sound system Mais la musique c'est ma vie, qu'importe ton opinion Si tu préfères au bonheur, le fric, c'est tes oignons Mon choix se porte résolument vers les hommes avisés Si je passe mon chemin quand je te croise, sens-toi visé Car probablement, tu n'es pas des quelques-uns Qui, quand je les écoute, me redonnent foi en l'être humain Tu n'as qu'égocentrisme et chiffres pour langage Nous te parlons de respect, tolérance et partage Quand je chante aujourd'hui, si je peux être un baume Pas un simple enduit comme applique sur un mobile-home Que je sois détruit dans le carnage d'un pogrom Si je n'atténue pas le bruit des lancinants sanglots des hommes Et je m'en fous des fidèles, des fous, des fanatiques du pèze Qui devisent sans ciller sur les devises et leurs billets Me disant, droit dans les yeux, combien de kilothunes il pèsent Et m'incitent, vicieux, à mettre le pied à l'étrier Triez-les donc, vos liasses, empilez-les dans des blindés Mais me débitez pas vos crasses sur ceux qui préfèrent les brûler Si j'ai du feu dans les veines, c'est que j'estime les sesterces utiles À loger les sans-abri mieux qu'à hausser le prix du baril À quoi bon s'escrimer à se rosser pour quatre sous Quand les vrais pourris sont des genres de Crésus et Picsou S'accroupissant dans des piscines d'or? Ils sont coupables De laisser crever des mecs dehors, pourtant capables D'estomper la misère sur Terre en promouvant Des solutions simples et salutaires, pas des sables mouvants Un grain manque au désert, une goutte à l'océan Ne plus se focaliser sur des chimères, agir à bon escient Quand je chante aujourd'hui, si je peux être un baume Pas un simple enduit comme applique sur un mobile-home Que je sois détruit dans le carnage d'un pogrom Si je n'atténue pas le bruit des lancinants sanglots des hommes Si l'on est riche des biens dont on se sait passer Nous sommes des milliards alors à vivre sous le seuil de naïveté Et quand je croise un mendiant qui me demande à boire J'étanche sa soif, et s'il m'invite à m'asseoir J'écoute son histoire, de quand il était tout marmot Rêvant de devenir pompier, footballeur ou joueur d'harmo Il aurait pu avoir un groupe, des fans, des groupies, des fripes Ils auraient pu s'appeler, pourquoi pas, La Fine Équipe Moi je ne refuse jamais une douceur de La Boulangerie Mais les financiers m'écœurent, ces bookmakers, leur sauvagerie Dans des salles de marché bondées comme le DIA de Bondy Du discount supermarché à 19h le vendredi Et quand tressaille devant l'entrée mon mendiant transi, je dis : "Tiens Prends mon choco marbré, j'avoue, c'est de l'étouffe-chrétien Si ça fait pas l'affaire pour aujourd'hui, je reviens demain Même si c'est loin, c'est promis, tu sais moi ça ne me coûte rien Quand je chante aujourd'hui, si je peux être un baume Pas un simple enduit comme applique sur un mobile-home Que je sois détruit dans le carnage d'un pogrom Si je n'atténue pas le bruit des lancinants sanglots des hommes