Si loin là bas

La peur se mêle à la haine dans l'orage Dans ce combat inhumain qui fait rage Machines de guerre contre notre gré Servant des intérêts en prétextant la paix De simples hommes de chair et d'esprit Asservis sous le feu des balles ennemies Voyant impuissant nos frères d'armes mourir D'innombrables femmes et enfants souffrir L'horreur de la guerre devant nos yeux Crispés sur nos flingues et prêt à faire feu Le sang n'a-t-il pas suffisamment coulé Les larmes n'ont-elles pas suffisamment versé Tous ces hommes par dédain sacrifiés Tous ces noms impossibles à oublier Abandonnés à la merci de l'ennemi Une lutte ultime pour notre survie Quand la cloche de la liberté résonnera Nous serons tous morts et loin! Si loin là-bas! Si loin là-bas! Loin en terre hostile loin de nos parents Victime d'un conflit dont nous sommes garants Préservant nos âmes de cette guerre ouverte Par des prières d'amour dans chaque lettre Dans ce champ de boue dans ce bain de sang! L'espoir de rentrer et réduit à néant Seuls au fond du trou, piégé encerclés Les muscles atrophiés et les doigts gelés Le sang de la guerre au fond de mes yeux Crispé sur mon flingue saurai-je faire feu? Le sang n'a-t-il pas suffisamment coulé Les larmes n'ont-elles pas suffisamment versé Tous ces soldats d'élite, usés, manipulés Je ne suis plus cet homme que tu as tant aimé Abandonnés à la merci de l'ennemi Une lutte instinctive pour ma survie A l'heure où cette lettre te parviendra Mon corps sera sans vie et loin! Si loin là-bas! Si loin là-bas! Ces guerres qui s'enlisent, les règles qui faiblissent Deviennent banales les cruautés les plus obscènes Quand tout est hors contrôle, que naît alors le vice Livrées à elles-mêmes, les âmes pures s'aliènent Quand ne verra-t'ont plus des mères pleurer leur fils Quand ne verra-t'ont plus tous ces drapeaux en berne