TU NE VOULAIS PAS D'AVANCE

Tu ne voulais pas d'avance Le traiter comme il faudrait Profiter de son enfance Pour ce qu'elle t'enseignerait Dans tes crises d'impatience Trébuchant sur un jouet Tu le mets en pénitence Au bord d'un coffre à regrets Tu ne voulais pas d'avance Le laisser se faire une place En m'avachissant le ventre M'éclipsant de tes fantasmes Il ne sait même pas marcher Que déjà tu les retires Cette main pour s'agripper Et ce complice sourire Il ne sait même pas parler Que déjà tu veux qu'il taise Ses besoins d'être écouté Et si moi je les apaise C'est avec difficulté Et je me sens mal à l'aise Et maladroite à cacher La furie que tu soulèves Dans mon coeur qui n'suffit pas Bien qu'ouvert au grand complet À remplacer le papa Que tu serais… Tu ne voulais pas d'avance T'imposer de telles tâches Tu m'avais prévenue je pense Que tu manquerais d'espace Au moindre cri je m'élance Au moindre cri tu te fâches À moins d'un parfait silence C'est toute la vie qu'il te gâche Il ne sait même pas aimer Que tu lui apprends la haine Irais-tu jusqu'à l'frapper Faut-il que je te retienne Il ne connaîtra jamais Le nid de ton torse nu Là où mes seins s'enfouissaient Lorsque nous l'avons conçu Du temps où c'était l'amour Que je croyais qu'on faisait Mais y a pas qu'le lit qui s'est Défait… Il ne saura pas ma joie À l'heure où je l'ai vu naître Comprendra-t-il mieux pourquoi Par moments je le regrette Il ne verra pas comment Nous avons pu nous aimer Nous que même notre enfant N'aura pas su rapprocher Tu ne voulais pas d'avance Le traiter comme il faudrait L'aimer dans sa petite enfance Imagine un peu après J'en arrive à l'évidence Que tu n'te sentais pas prêt Je te laisse à ta démence Je le prends et je m'en vais J'en arrive à l'évidence Que je te surestimais Je t'accorde des vacances Nous ne reviendrons jamais…