Lettre

Dis, feuille de papier, aimable confidente Qui sait garder pour toi mes intimes secrets Ne peux-tu, une fois, à ma passion ardente Répondre en t’échappant du monde des muets Ne peux-tu, un instant, te faire mon messager Recueillir auprès d’elle l’Amour que j’ai semé Et lui dire que ma vie ne dépend plus que d’elle Et que si c’est folie, elle n’en est que plus belle J’ai peur, ce soir, pourtant, j’ai peur de l’étouffer J’ai peur d’être avec elle plus qu’elle ne le désire Et je ne voudrais pas, pour l’avoir trop aimée Qu’elle me laisse un matin seul à mon avenir Mon avenir c’est elle, c’est son corps, c’est son coeur Sa vie, ses joies, ses peines, sa santé, son bonheur Et pourquoi pas l’enfant que nous aurons un jour Si Dieu veut bien pour nous préserver cet Amour Messager de papier, dis-lui que je saurai Combler tous ses désirs et l’aimer plus qu’on sait Etre l’amant d’un jour, d’un mois, ou bien d’un an Mais être aussi l’Ami qu’il faut de temps en temps