LE NOM DES OISEAUX

Il connaît le nom des oiseaux il a même appris leur musique De la mésange à l’étourneau Ça lui change de la mécanique Il connaît le nom des oiseaux du rouge queue et du loriot Quand il se sent pousser des ailes Il trisse avec les hirondelles Qu’est-ce qu’il fiche ici Les mains dans le cambouis Garé sur une voie de garage C’est pas c’qu’il s’était dit C’était pas ça sa vie Sa vie, c’était les oies sauvages Il connaît le nom des oiseaux il les reconnaît entre mille ici l’envolée des moineaux là-bas deux merles sur un fil Il connaît le nom des oiseaux Du chardonneret et du gravelot Mais de sa branche, on descend pas Même sur les traces du grand tétras Le garage, c’est le père C’est pas une mince affaire Ça y’est, t’y vois clair dans la brume Troisième génération Ça reste dans la maison Pas l’choix que d’y laisser ses plumes Sauf que sa vie c’est les oiseaux Il peut même danser avec eux La bergeronnette des ruisseaux C’est comme la prunelle de ses yeux Il connaît le nom des oiseaux Du pic épeiche et du pouillot Quand il parade, à la bonne heure On dirait qu’il est l’un des leurs. C’est un oiseau rare Mais dans son regard Une ombre, la griffe du destin Y s’ra jamais heureux Dans la cage de son vieux Pourvu qu’il s’échappe avant la fin. Il était né pour les oiseaux Est-ce qu’on peut changer la musique Pousser un cri comme le corbeau J’t’en foutrais moi d’la mécanique Qu’est-ce qu’il attend pour faire comme eux Pour s’enfuir avec le ciel bleu La tête au-dessus des nuages Le coeur calé aux oies sauvages.