Visible

Sortir du bâtiment Maquillée mais pas trop Marcher dans la rue, déhancher mais pas trop Savoir baisser les yeux, aux aboiements ne pas répondre Marcher sur le trottoir, disparaître et se fondre Les couloirs du métro c’est bien la parano Que personne ne me voie, que personne ne me sente Les regards dégueulasses sont collés sur ma peau Comme un parfum tenace, comme une odeur de fiente S’asseoir, ne plus broncher, casque sur les oreilles Auto-défense enclenchée, qu’aucun geste n’éveille Les envies, on dira que j’aurais bien cherché Avec ce décolleté à me faire dominer Sortir de la rame Rejoindre le troupeau Parmi les autres femmes Parmi les autres proies Soumises à la rue, à sa loi et ses maîtres Marcher sur le trottoir, se taire et disparaître Visibles, invisibles Visibles, indivisibles Sortir du bâtiment Dans la nuit mais pas trop Il est déjà si tard, il est beaucoup trop tôt Chaque pas qui résonne sur ce trottoir hostile Me terrorise un peu plus, me retourne la bile Les couloirs du métro sont fermés pour de bon J’aurais dû partir plus tôt, me fondre avec les passants Hey la miss mate un peu, ouais j’vais te monter en l’air Te faire goûter ma queue, tu vas voir ça va te plaire J’ai retenu mes cris étouffés dans un râle Dans cette ruelle vide, sous cette lumière pâle Auto-défense enclenchée, mon cerveau est en veille Ne plus sentir ma peau, bourdonnements dans les oreilles Tant qu’il y aura des hommes, des silencieux complices Parmi les autres femmes Parmi les autres proies Soumises à la rue, à sa loi et ses maîtres Violées sur le trottoir, se taire et disparaître Visibles, invisibles Visibles, indivisibles